Je travaille comme programmeur depuis 1992.
Commençons par les banalités : pas mal de choses ont changé depuis que je fais ce métier. A mes débuts, Internet était un jouet pour techniciens passionnés, on s’y connectait à l’aide d’un de ces modems qui faisait des bruits bizarres et qui mobilisait le téléphone de la maison pendant des heures.
Nos téléphones portables actuels ont beaucoup plus de puissance que les machines de bureau de cette année-là. Rien d’original mais c’est l’une des caractéristiques de ce travail. Il faut toujours rester à l’affut des nouveautés et régulièrement se former pour éviter de devenir soi-même » aussi obsolète qu’un Nokia ou qu’un BlackBerry « .
L’avantage de l’expérience disparaît très rapidement quand on parle technique. S’il n‘est pas toujours agréable de se faire challenger par des collègues plus jeunes, cela permet au moins d’échanger sur un pied d’égalité avec des gens intéressants qui viennent d’horizons et de formations très différents.
« Avez-vous vu l’Apple Watch et les casques à réalité virtuelle ? »
L’informatique bouge tellement vite, c’est une révolution permanente » et bla bla bla… le plus surprenant pour moi, c’est ce qui ne change pas dans le métier.
On pourrait se dire que suivre le mouvement deviendrait plus difficile avec le temps mais ce n’est absolument pas le cas. Les nouveautés sont toujours passionnantes, mêmes celles qui, il faut le reconnaître, ont un côté ridicule. Avec le temps, peut-être que l’on devient plus critique mais il est difficile d’être totalement blasé.
Il y a un côté génial à l’idée d’avoir au poignet un véritable ordinateur. Oui c’est un gadget cher, dont l’autonomie est ridicule et qui n’est même pas super pour donner l’heure, mais il serait dommage de s’arrêter là. Un jour, quelqu’un détournera cette technologie pour en faire quelque chose de vraiment utile.
Les casques à réalité virtuelle aident déjà à traiter des victimes de phobies, les capteurs d’accélération des Smartwatch peuvent servir à détecter les chutes chez les personnes âgées…
La relation avec les utilisateurs est une autre constante. Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, notre travail ne consiste pas à aligner des lignes de code, à passer des heures derrière un écran à insulter notre ordinateur ou à taper des instructions dans un langage incompréhensible pour le commun des mortels (on fait ça pour le plaisir). Il consiste en réalité à essayer de comprendre ce dont nos utilisateurs ont besoin puis de tenter de traduire ce que nous pensons avoir saisi sous forme de logiciel.
C’est toujours un processus long et difficile pour lequel personne n’a encore trouvé de recette magique. Il n’y a rien de mieux pour tomber de son piédestal d’informaticien que de passer des mois à mettre en forme ce que nous pensons savoir du métier de nos utilisateurs, pour voir tout l’édifice s’effondrer quand nous leur confions le logiciel pour la première fois.
Donc, petit à petit, on ajuste notre travail, on le polit pour supprimer les aspérités, on écoute et on regarde. Puis un jour, on se rend compte que notre logiciel simplifie le travail des professionnels et qu’ils comptent dessus tous les jours.
On est pas forcement satisfait, un bon logiciel n’est jamais terminé, mais on est contents d’avoir vu juste sur une partie du métier de nos clients et c’est ce que nous faisons avec le logiciel Archipad.
