Étape de vérification cruciale pour la maîtrise des risques, le circuit des visas est le passage obligé de contrôle par la maîtrise d’œuvre des plans d’exécution réalisés par les différents corps d’état présents sur un chantier. Les visas assurent la bonne conformité et la cohérence des plans d’exécution par rapport à l’étude de conception du projet.
Anticiper, préparer, organiser, planifier, coordonner, sont autant de verbes déterminants pour la réussite d’un projet. Les chantiers de construction ou de rénovation mobilisent de nombreux corps d’état dont les interventions doivent être coordonnées dans le temps et dans l’espace, d’autant plus que l’exécution des travaux implique des contraintes et des obligations techniques, administratives et financières pour chacun des intervenants. La phase de préparation est donc capitale : les études d’exécution et plans d’exécution sont ces outils fondamentaux qui permettent de planifier au mieux un projet de construction ou de réhabilitation.
La construction d’un ouvrage, ou sa réhabilitation, dépend en effet de la mise en œuvre cohérente des études d’exécution dont l’objectif majeur est de planifier la réalisation technique des projets, de définir la manière dont les entreprises vont intervenir pour mener à bien le chantier.
L’étude d’exécution menée par la maîtrise d’œuvre est une étude de définition qui permet au maître d’ouvrage et aux entreprises de bien comprendre l’ouvrage et à l’entreprise de chiffrer et de préparer son chantier. L’étude d’exécution menée par l’entreprise ou les entreprises en charge du chantier est une étude de réalisation ou de fabrication ; elle est destinée aux équipes de montage et d’exécution, c’est à dire aux salariés des entreprises. Sa finalité est donc de
permettre la bonne compréhension de l’ouvrage à construire dans les conditions réelles du terrain et donc in fine de permettre sa réalisation.
La qualité des études d’exécution des entreprises a un rôle majeur dans le déroulement du chantier. Elles contribuent non seulement à la sécurité des intervenants sur le chantier mais elles sont aussi et surtout le support de travail indispensable des professionnels du bâtiment. Ses études sont constituées des plans d’exécution, des fiches techniques sur les matériaux, marques, normes, types de mise en œuvre, des notes de calculs, des échantillons, de certificats divers, etc. Chacun de ces documents est contrôlé par le maître d’œuvre qui y appose un avis : le visa de l’étude d’exécution.
La forme ou dénomination des visas d’exécution : leurs conséquences
Bien qu’aucun texte n’encadre la forme des visas, trois formules sont généralement utilisées :
• Sans observation : les documents sont validés et « bon pour exécution » sur le terrain
• Avec observations : l’entreprise est obligée d’apporter des modifications
• A resoumettre ou refusé : les travaux ne peuvent être réalisés sans un nouvel avis
Concrètement, mieux vaut pour une entreprise un visa de refus sur une fiche technique de lavabo que de démonter un lavabo déjà posé, car le document visé est bien in fine le support de travail de l’ouvrier sur le terrain.
Les documents visés avec ou sans observations autorisent l’entreprise à réaliser la prestation et donc à commander les fournitures, ce qu’elle ne doit pas faire avant l’obtention de ces visas.
NB : Le maître d’œuvre n’a pas à attendre les avis du bureau de contrôle, c’est l’entreprise qui doit attendre cet avis avant de réaliser les travaux. Certains maîtres d’œuvre indiquent donc dans les visas « sous réserve de l’avis du bureau de contrôles » quand le recours à celui-ci est obligatoire. (Le code de la construction et de l’habitation prévoit l’obligation de contrôle technique pour certains bâtiments. La loi encadrant cette obligation est la loi Spinetta n°78-
12 du 4 janvier 1978).
La mise en cohérence technique des documents fournis par les entreprises : le circuit des visas
La mise en cohérence de tous les documents d’exécution passe par une synthèse de tous les éléments de la construction afin de s’assurer de leur cohérence et de leur mise en œuvre dans le respect du projet architectural.
Le circuit des visas est rappelé lors de la réunion de lancement de chantier. L’ensemble des documents peuvent alors faire l’objet de remarques de la part des différents corps d’état. Pour éviter toute redondance ou contradiction, une relecture et une synthèse sont nécessaires avant la diffusion aux différentes entreprises. La synthèse est pilotée et validée par le responsable de la cohérence du projet : l’architecte.
Les armoires à plans : la solution pour assurer le bon déroulement du circuit des visas
La mise en place d’une armoire à plans informatisée intégrant des fonctionnalités de gestion électronique des documents (GED) assure la fluidité et le bon déroulement du circuit des visas. L’utilisateur peut visualiser les documents d’exécution en PDF auxquels est rattaché un visa. Les précédentes versions des documents sont automatiquement archivées. L’architecte peut relire, compléter et valider les observations des bureaux d’études techniques (BET) intégrés à l’équipe de maîtrise d’œuvre, observations qui ne seront visibles par les entreprises qu’après validation. En fin de chantier, tout est conservé pour archivage.
La réalisation des documents d’exécution et leur mise en cohérence ont beaucoup bénéficié de l’avancée technologique du BIM. La maquette 3D sur laquelle tous les intervenants collaborent a nettement amélioré la visibilité du projet pour l’ensemble des corps d’état. De la même manière, cette nouvelle traçabilité que permet la technologie réduit considérablement le risque d’erreurs ou de défaillances en cours de chantier puisque tous les intervenants sont informés en temps réel des observations émises et des documents diffusés : un réel gain d’efficacité pour tous.
Photographie : (c) Nuei57