S’il fallait vous résumer en quelques mots ?
Avant d’être architecte, j’ai travaillé dans une entreprise de construction en tant que mêtreur, contrôleur de gestion puis ingénieur travaux. Je suis devenu architecte plus tard après avoir repris mes études à l’âge de trente-deux ans. Ce lien entre ces deux cursus, spécificité qui m’a orienté dans l’enseignement à l’Ensa Paris-LaVillette, me permet de m’adresser aux étudiants architectes en évoquant ce que l’architecture apporte à la dimension constructive, en particulier dans les direction d’études des HMONP. S’il fallait me résumer, je dirais que je suis un architecte avec un arrière-plan de terrain, renforcé par des projets développés dans d’autres cultures. Pour moi, la réalisation fait partie de la conception, c’est tout l’intérêt de ce métier qui touche à la fois à des choses abstraites et à des problématiques très concrètes et pragmatiques.
Vos projets les plus emblématiques ?
Mon tout premier projet, ce fut « Le plateau », un centre d’art contemporain dans le 19ème arrondissement de Paris, un sujet passionnant parce qu’il s’agissait de créer un lieu d’art contemporain au beau milieu de Belleville, un quartier populaire. Le deuxième, la rénovation d’un grand cinéma de Kaboul, en Afghanistan, m’a fait prendre conscience de l’intérêt du cinéma, de l’importance de la réouverture d’un lieu public dans un pays qui sortait de trente ans de guerre, dans un pays qui manquait de tout. Depuis, je travaille régulièrement dans la conception et la réalisation de cinémas dans des lieux très divers et pour des publics tout aussi différents : l’UGC Cité Ciné à Vélizy par exemple, un lieu hors norme qui met en avant des interventions d’art contemporain.
J’accompagne depuis sept ans le cinéma Guimbi au Burkina Fasso, un lieu de vie urbain dans un des pays les plus pauvres au monde, un pays qui n’avait plus aucune salle de cinéma et qui pourtant est créatif et dynamique dans le domaine avec de nombreux réalisateurs, de très beaux films, une réputation à l’échelle internationale. Là encore ce projet m’amène à partager avec des gens la question de l’appropriation au-delà des cultures, des modes d’habitat, de vivre. Il y a là tout le bonheur de créer avec des bâtisseurs un lieu partagé.
Est-ce de là que vient l’idée d’Archipad, car vous êtes un des co-fondateurs de l’application ?
La grande difficulté d’un chantier est de travailler ensemble sur un même projet car chacun a son interprétation de la problématique. L’enjeu est de trouver une solution ensemble et de ne pas perdre le fil. Avant le développement d’Archipad, nous passions un temps fou à faire des listes sur les chantiers, à rédiger des comptes-rendus après les réunions. C’était pénible parce que les notes écrites debout sur un chantier sont illisibles, impossibles à retranscrire par un tiers désireux de nous aider. Chaque journée se terminait par de longues heures à saisir l’ensemble au propre, toujours avec un peu de retard évidemment. Il fallait donc concevoir un système, le plus léger possible, dont l’objectif serait de venir en aide concrètement à ceux qui suivent les projets dans les phases de réalisation et doivent tout faire eux-mêmes sans avoir forcement d’appétence pour l’informatique. La solution devait être la plus fluide possible et répondre à l’usage courant sur les chantiers. Tout ce qui n’avait pas d’utilité sur le chantier à plus de 90% n’avait pas de raison d’être dans la solution. De la simplicité, une manipulation aisée dans les conditions du chantier, une prise en main quasi immédiate par n’importe qui : ces critères que nous avions déterminés tout de suite continuent de définir Archipad.
Archipad et vous aujourd’hui ?
Aujourd’hui, je suis un utilisateur d’Archipad. Je l’utilise quotidiennement comme l’ensemble des architectes de mon agence et mes correspondants sur les projets à l’étranger. C’est par Archipad que passent toutes les informations que nous avons à transmettre aux entreprises qui travaillent sur nos chantiers. En mobilité sur le terrain, lors des visites, nous pouvons localiser et commenter sur le plan les problématiques à résoudre, les tâches à remplir en les affectant aux différents corps de métier. Le but du jeu est de gagner du temps, de produire un document exploitable par quelqu’un qui n’était pas forcément présent à la réunion. Archipad permet d’éviter de retourner sur le chantier pour expliquer ou repérer des points aux équipes. Le document produit par l’application sert aux chargés de projets et à l’ensemble des ouvriers. Le peintre par exemple a ainsi sa propre liste de tâches sur Archipad pour s’y retrouver grâce aux photos, aux commentaires…
Mais vous vous servez aussi d’Archipad sur des chantiers comme celui du Burkina Fasso où j’imagine que tout le monde n’est pas forcément équipé de tablettes ou de smartphones ?
Oui, parce que le grand intérêt d’Archipad est aussi de produire un rapport pour lequel vous n’avez plus à faire de mise en forme. Le document est automatiquement prêt dès la sortie de réunion. Nous pouvons l’envoyer aussitôt à l’ensemble des intervenants par mail au format pdf. Après, chacun peut l’imprimer et le traiter à sa manière ou le réceptionner sur son téléphone et cocher les tâches accomplies. Contrairement aux idées reçues, les pratiques sur téléphone sont même plus avancées que chez nous en Afrique. Ça nous permet de beaucoup mieux gérer les défauts et les reprises et surtout de pouvoir opérer facilement les mises au point qu’un chantier requiert, surtout quand on construit des ensembles de cette dimension. Pour certains chantiers, gérer les récurrences avec Archipad nous fait gagner du temps. Ce même défaut sur une porte que vous allez retrouver quinze fois sur le chantier, il vous suffira de le saisir une seule fois sur Archipad.
Les qualités que vous appréciez le plus ?
La simplicité. La fluidité dans la gestion des informations. Et il y a ce travail aussi sur l’ image de marque que j’apprécie particulièrement. Les documents produits par l’application sont d’une belle qualité, d’une mise en forme soignée et personnalisée. L’objet édité est important vis à vis de nos clients. Entre un commanditaire et les entreprises du BTP, l’agence d’architecture est souvent une petite entité pour laquelle livrer des documents de grande qualité a une incidence réelle sur son efficacité. Le fait de pouvoir les éditer très rapidement assurent une cohésion dans la circulation et la gestion des informations entre les diverses parties prenantes. Le temps est crucial sur un chantier. Archipad me fait gagner des heures précieuses.
Photographie : (c) DR